MANASTIR LEPAVINA - SRPSKA PRAVOSLAVNA CRKVA

Presveta Bogorodica Lepavinska
NASLOVNA NOVO NA SAJTU GALERIJA RADIO BLAGOVESTI KONTAKT

Foi reçue et foi trouvée



— Et toi, pourquoi as-tu la foi ? Question posée récemment par une amie de longue date, « non croyante » telle qu’elle aime à se définir…
— Ma foi !  Je n’en sais rien…

M’est alors venu à l’esprit de me demander pourquoi j’ai la foi, qui me l’a donnée. Et qu’est-ce que la foi ?
La foi, dit le dictionnaire « Robert », est le fait de croire en Dieu par une adhésion profonde de l’esprit et du cœur qui emporte la certitude. La foi, dit le « Larousse », est une croyance et adhésion personnelle à la vérité d’une religion, son dieu et ses dogmes.

Définitions plus ou moins valables. J’aimerais cependant ajouter que la foi n’exclut pas nécessairement le doute. Mais surtout, surtout, qu’elle est un immense cadeau, un don de Dieu. Ce qui pourrait signifier que ce pourrait être une énorme injustice envers ceux qui ne l’auraient pas reçue, ou pas encore… Souvent, ce choix de Dieu envers moi me torture.

Car ce cadeau, je l’ai reçu à ma naissance. La foi, je ne l’ai pas cherchée, je ne l’ai pas véritablement reconnue comme le fait d’une « adhésion » volontaire ni même comme une « adhésion personnelle » à une religion. C’est un mystère « naturel ». Je sais que je crois, et c’est à peu près tout. Et je ne n’ai pas approfondi ce mystère dans le sens d’une étude cartésienne du « pourquoi ? parce que… ». C’est en quelque sorte une foi viscérale.
Cette foi reçue m’a été donnée au berceau comme une nuée flottant au-dessus de moi, une nuée invisible, imperceptible. Une nuée englobant une vie très bousculée, sans enseignement de la foi, comme on dit.
Et pourquoi donc ? Pour la simple et bonne raison que je suis née en brousse, en Afrique. Pas d’église donc. Sans doute, le signe de croix que je dis en russe m’a été appris par ma maman, devenue orthodoxe à son mariage. Mais je ne me souviens plus très bien. Mon papa, orthodoxe de naissance, était croyant, mais sans excès… L’enseignement de la religion en tant que tel s’arrête là. À sept ans, la famille s’est trouvée en terre plus civilisée, toujours en Afrique, et moi dans une école catholique, où j’ai brillé sans faille dans la récitation impeccable du catéchisme catholique. Là s’arrêtent mes exploits. À l’indépendance de ce que je considérais alors comme mon pays (le Congo ex-belge), la famille s’est transférée à Rome, où il n’était pas question pour moi de suivre des cours de morale au lycée français que je fréquentais. Je restai donc fièrement avec mes acquis sommaires, mais c’est là que je fis véritablement connaissance avec une église russe. J’avais 16 ans. Les voies du Seigneur sont impénétrables, insaisissables et incompréhensibles : j’étais chez moi à l’église. J’étais dans mon élément. Je ne comprenais rien de ce qui s’y passait (entendons-nous : rien du déroulement canonique de la liturgie). Mais j’aimais tout ! Ensuite, ce fut l’arrivée en Belgique, et l’arrivée dans l’église Saint-Nicolas de Bruxelles. J’avais 21 ans. Je chantais dans le chœur, toujours sans rien comprendre du déroulement du Mystère. Je rencontrai mon mari, nous nous mariâmes, nous eûmes deux petites filles, et puis partîmes pour Moscou.

Moscou, dans les années 1970, c’étaient 43 églises (au lieu des 1.600 d’avant la révolution) où subsistait encore la célébration des divines Liturgies. Je les ai toutes visitées. Cela m’a confortée dans ma « foi », sans rien y ajouter dans la compréhension du Mystère de l’Eucharistie. Mon ignorance était (presque) totale. Sans doute avais-je une ouïe réceptive, et je reconnaissais les hymnes et, parfois, par la force des choses tout de même, leurs apparitions à tel ou tel moment de la célébration divine. Je n’ai jamais été aussi heureuse qu’en ce temps-là et je combattais fermement les vilenies que j’entendais contre notre Église asservie… Dans ma naïveté, je n’aimais pas que l’on détruise ce que j’aimais profondément. Ma réflexion n’allait pas au-delà de l’amour que j’avais d’être dans une église, à Moscou, avec toute sa beauté. Cela suffisait à mon âme. Ce bonheur a duré sept ans.
Par la suite, nous fûmes mutés au Nigeria. Je passe en vitesse sur la vie à Lagos (une seule église grecque située dans un endroit peu sûr à l’époque), ainsi que notre vie bienheureuse en Terre Sainte, notre vie à Vienne, et celle à Moscou de nouveau, car le propos n’est pas de suivre un itinéraire kilométrique exténuant, mais bien celui de la foi reçue « gratuitement », et celle trouvée.

Je dois juste préciser que mon passage en Terre Sainte fut fécond en ce sens que je n’ai fait que me promener d’églises en églises, toutes juridictions confondues, et de toute appartenance à la chrétienté. Je m’étais inscrite à des conférences que donnait l’Église grecque melchite, et à des visites complémentaires à ces cours, dans les déserts avoisinants, pour connaître la vie des saints dans les grottes proches. J’ai aussi puisé dans leur riche bibliothèque et j’ai ainsi fait la connaissance de saint Séraphim de Sarov et, grand cadeau, du livre sur le carême d’Alexandre Schmemann. C’est ainsi que j’ai appris les rudiments élémentaires de ma religion. En fait, pas si élémentaires que cela ! Je dirais même essentiels de la vie chrétienne.

Le « problème » de la foi reçue et non cherchée s’est insinué pour la première fois dans mon esprit lors de notre second séjour en Russie, dans les années 1995-2005. Feue l’Union Soviétique avait fait place à la Russie actuelle. Au cours de ce second passage en Russie, j’ai amassé de grandes amitiés, de merveilleuses rencontres. À ce moment-là, on m’a quelquefois… admirée, oui, hélas ! admirée, pour ma foi, qui sans doute devait transparaître… Car, paradoxalement, c’était moi qui découvrais la foi, forte, transparente et éclatante chez les autres, et qui l’admirais chez les Russes et chez d’autres, que j’ai rencontrés pendant une dizaine d’années. C’est seulement à ce moment-là que je me suis mise un peu à réfléchir…

J’étais en face d’une multitude de personnes qui avaient la foi. Une foi, jadis interdite, et maintenant éclatante. Une foi cherchée. Souvent étudiée. Parfois approfondie. J’étais, et suis toujours en admiration, profonde, et reconnaissante, pour toute cette foi que j’ai vue, touchée de près, chez mes amis, et dans la multitude inconnue de mes inlassables visites d’églises, de monastères, en tous lieux, connus ou découverts. En fait, je n’ai fait que cela pendant dix ans. J’ai vagabondé tant et plus dans ces lieux de prière et j’avais beaucoup de difficultés à devoir les quitter quand on fermait les portes. Là, j’ai compris ce que j’avais vécu, vingt ans auparavant, c’est-à-dire la difficulté de toutes ces babouchki qui ne voulaient pas quitter leur église… Tout était si bien dedans. Tout était si mal ailleurs. Et vingt ans après, on peut dire que c’est la même impression : tout est si bien dedans, tout est si… difficile dehors…

Mon étonnement devant la foi de mes amis s’est imprégnée en moi comme une bénédiction. J’étais pleine d’admiration. J’avais devant moi des exemples de vie extraordinaires. Mais j’ai, paradoxalement, d’abord connu la foi chez les non russes.
C’était pendant des pèlerinages organisés par le père Nicolas Rehbinder, de Paris, en collaboration avec l’Institut de théologie Saint-Tikhon, à Moscou. Chaque année, on se rencontrait, on visitait les merveilles religieuses de la Russie (et accessoirement d’autres merveilles). Mais ma merveille à moi était de faire la connaissance de Français, de Suisses ou d’autres nationalités de l’Ouest, devenus orthodoxes. J’étais véritablement étonnée. Comme de grands big-bangs dans ma vie. Ces mêmes big-bangs se vérifiaient lors des rencontres de l’Association Saint Silouane l’Athonite.

À cause de mon peu de discrétion, j’ai toujours demandé : « Mais… heu… comment en êtes-vous venu là ? ». On m’a toujours répondu sans s’offusquer. Beaucoup disaient : par la littérature, par la musique. Je n’en revenais pas. Un opéra russe, une musique russe, un livre d’un auteur russe comme initiation ? Comme un dard pique une personne, la piqûre a conduit à la découverte de Dieu par l’entremise d’une œuvre artistique. Je n’en revenais pas. Sans doute, le cheminement était long, mais la découverte de Dieu intense, et la certitude inaltérable. Si ce n’était pas par l’art, c’était à la faveur, tantôt de la douloureuse déception provoquée par une autre religion, ou par le manque de religion, tantôt simplement par le sentiment d’une vie où quelque chose manquait, tantôt encore après une peine profonde, le constat d’un vide profond, une longue errance, une blessure profonde. La découverte de la foi était alors plus lente, plus sinueuse, plus dure, moins sûre peut-être, parfois très douloureuse au départ, mais finalement victorieuse.

Avec ma foi reçue, sans recherche, sans blessure, j’étais ébahie, parfois un peu coupable, mais toujours admirant cette lumière chez tant de gens qui l’avaient cherchée.
La foi cherchée chez les Russes, actuellement, en Russie, a été beaucoup plus difficile. Tout le monde sait pourquoi. Et ici, il n’était plus question d’interroger les gens sur leur parcours. Quelque chose me l’interdisait. Si j’ai su le cheminement, parfois, c’est qu’on me l’a dit, sans que je le demande. Mon admiration pour cette foi cherchée, reçue, triomphatrice, est sans bornes. Et respectueuse. Je suis admirative et pleine de respect. Et cela me met d’autant plus dans l’embarras quand on me lance : « Comme je vous envie d’avoir eu la foi… », le reste de la phrase restant dans l’air… Sans combat, voudrait-on dire sans doute ?… Sans danger, voudrait-on dire ?… Je répondais alors : « Ne m’enviez pas. Surtout pas. Je n’ai rien fait pour cela ». Je n’osais pas dire que j’avais reçu ce cadeau, sans le demander, à ma naissance, sans combats ni intérieurs ni extérieurs. Que de larmes rentrées n’ai-je pas eu à la vue et à l’écoute de toutes ces vies révélées, toute cette foi immense, inaltérable, forte, vivante et lumineuse.

Alors, finissons-en avec cette foi reçue, bénie, non cherchée, puisqu’il le faut. Finalement, si Dieu a voulu me faire ce cadeau, eh bien ! Il avait sans doute Ses raisons. Faut-il préciser que je ne suis pas seule dans ce cas !… Il n’y a en fait aucune explication à donner, si ce n’est que c’est un fait… d’Histoire. Sinon, j’aurais peut-être dû, moi aussi, chercher…
Cette foi divine, non cherchée mais reçue, est un héritage béni de Dieu à (presque) tous les Russes chassés de Russie pendant la révolution. Dans la tourmente, on avait sa peau à sauver, et le seul héritage transporté dans les bagages, c’était Dieu. Un Dieu caché dans le cœur. Sans ostentation. Mais présent. Très présent. Même sans qu’on le sache. C’est mon cas, et celui de milliers d’autres. C’est naturellement dans notre peau, dans nos veines, et l’on ne se questionne pas.

C’était Lui qu’on retrouvait dans les différents endroits d’exil. C’était Lui qu’on trouvait dans les églises éparpillées. Et c’est resté ainsi. Sans bagage intellectuel, ou parfois avec, sans livres religieux, ou parfois avec, sans enseignement ciblé, ou parfois avec. Mais dans toutes les parcelles du corps, de l’âme, la foi de l’exil a fait son chemin naturellement. Et quand quelque chose est naturel, on ne se pose pas de questions. On savait qu’on était « à la maison » dans l’église, et c’était souvent la seule maison qu’on avait. Peu connaissaient véritablement la signification du saint Mystère, mais tous en étaient naturellement imbibés en quelque sorte. Sans trop savoir le pourquoi, le comment, et sans vouloir chercher le « mécanisme » non plus, pour la plupart.

Quant à moi, personnellement, s’il faut insister, j’aurais pu ne rien « savoir » du tout, vu le « dénuement » religieux d’une vie épurée en ce sens, jusque bien tard dans la vie. Pourtant, cette « nudité » était riche. Une richesse cachée, modeste, sans tintamarre, à l’image de toute la vie de nos parents qui ont fui presque tout nus, mais riches de Dieu, le sachant ou bien souvent ne le sachant pas. Il n’y pas eu de « révélation » de la beauté de l’icône, puisqu’elle faisait partie de la vie journalière. Elle était dans nos chambres ; on les retrouvait à l’église. Le chemin était direct, naturel.

Alors, je ne sais pas que répondre à mon amie « non croyante ». Je ne peux pas lui répondre, ni rien expliquer non plus. Peut-être seulement reconnaître que ma foi est comme l’air que je respire, naturelle, sans histoire. Quelle s’est renforcée par celle des autres, ceux qui l’ont cherchée, oui, absolument. Que celle reçue et diffusée par les miens, à leur insu, comme un goutte à goutte vivifiant, oui, sans aucun doute.
Finalement, ce problème de foi reçue et foi trouvée ne devrait pas en être un et ne devrait pas être un motif de compétition, ni de trop grande introspection, chacun finalement devant s’émerveiller mutuellement, et remercier le Ciel, de ce don venu tôt, ou tard, selon la grâce de Dieu et Ses voies impénétrables.
Anne Khoudokormoff
30 novembre 2006
(Bulletin de l’Association St Silouane l’Athonite, n°14, février 2007, pp. 85-89).

Lu: 2494 fois

ARCHIMANDRITE GAVRILO

Chers visiteurs de notre site web du monastère de Lepavina! Grace aux nombreux visites de notre site, je suis honoré de vous présenter les differents évenements de l'Eglise orthodoxe serbe et du monastère Lepavina. Nous allons poster sur le site des textes sur des sujets differents des autres sites orthodoxes. J'espère et je crois profondément que notre Seigneur m'aidera dans cette tache.

Avec la bénediction de Dieu, du monastère Lepavina Archimandrite Gavrilo.

Krst
Njegovo Visokopreosvestenstvo Mitropolit G. Porfirije

Njegovo Visokopreosveštenstvo Mitropolit G. Porfirije

Otac Gavrilo

BIOGRAFIJA OCA GAVRILA

Manastirski Casopis PDF

MANASTIRSKI
ČASOPIS - PDF